Les médias ont fait grand cas des petites phrases d’Emmanuel Macron comme celle-ci « La gauche aujourd’hui ne me satisfait pas » qui fleure bon l’arrogance du jeune loup débarquant en politique. Une autre de ses sentences est assénée de manière péremptoire : « le vrai clivage dans notre pays (…) est entre progressistes et conservateurs ».
En même temps que ses tribunes, les médias comme Europe 1 commande des sondages qui, comme par hasard, le placent en chouchou de l’opinion publique…
De telles opérations de promotion politique ne sont pas nouvelles, notamment pour lancer des produits qui soient « « pas à droite, pas à gauche ».
La plus célèbre et la plus aboutie, mais qui connut quand même un échec cuisant, fut celle de « Monsieur X » entre 1963 et 1965, visant à promouvoir Gaston Deferre comme candidat de compromis entre les socialistes et les centristes.
Mais laissons cette xème tentative de recomposition au centre pour nous intéresser à cette opposition « progressistes et conservateurs ». Nous avons là un magnifique exemple de ces tentatives d’inversion des valeurs, que la psychologue ÉLisabeth Roudinesco appelle, dans une très interview du Nouvel Observateur, « la grande inversion de tout », où, depuis les années 90, « Chacun s’est mis à expliquer que tout ce qui avait porté l’idéal progressiste des masses populaires était à bannir ».
En effet, quelque soit les volontés de travestir les réalités, le conservatisme reste attaché au refus du progrès et du changement social, au maintien des droits et privilèges, a, non pas ceux du salarié en CDI ou du petit fonctionnaire, mais des vrais privilèges, comme celui de Carlos Ghosn dont la rémunération va passer de 2,67 millions d’euros à 7,22 millions pour la seule année 2014. Ils sont dans ce camp les conservateurs dont on comprend qu’ils pourfendent l’ISF et qu’on retrouve dans les Panama papers.
N’en déplaise à Emmanuel Macron, il n’y a pas de « progressistes » parmi « ces gens-là » comme le chantait Jacques Brel. Les progressistes sont toujours du côté de ceux qui cherchent d’abord la promotion et la libération de l’homme avant celle du capital et des financiers.
Il y a besoin de polémiques et de controverses vigoureuses pour combattre les pensées molles, celles qui aboutissent à banaliser l’expansion des idées de la droite et du Front national, ce sont ces polémiques et controverses qui sont porteuses de vrais rassemblements et non d’arrangements politiciens.
Jean Détours