Dans une interview publiée le 22 mars dernier, dans le journal La Croix (https://www.la-croix.com/France/Cette-journee-permettre-mesurer-lampleur-population-mobilisable-2018-03-22-1200923685) , le politologue Jean-Marie Pernot, spécialiste du syndicalisme et des mouvements sociaux, analyse les enjeux de la manifestation syndicale du 22 mars dernier.
Ses réflexions semblent toujours pertinentes dans le contexte actuel. Nous en publions des extraits parmi les plus intéressants et vous invitons de vous référer au texte complet de l’interview dans le journal La Croix.
Sur la question des difficultés à réaliser des mobilisations d’ampleur, Jean-Marie Pernot fait remarquer que « Les syndicalistes, les parlementaires ou ses opposants politiques, sont pris de court par la vitesse avec laquelle le chef de l’État réforme. Il avance à toute allure dans un champ politique totalement explosé et un champ syndical fragmenté. Le rythme et l’addition des fronts successifs accentuent la pulvérisation des camps en face de lui. À peine une opposition se construit sur un sujet qu’un autre est sur la table ».
Sur la question de la possibilité de construire des convergences, Jean-Marie Pernot explique : « Dans l’ensemble de ces secteurs, les syndicats sont divisés. S’il y a un accord entre eux sur les causes du mécontentement, ils divergent sur les modes d’action et ce, de manière accentuée depuis le quinquennat Hollande.
L’écho que rencontrera cette journée peut amener à des recalages syndicaux, vers plus de convergence. C’est même l’une des questions centrales qui se pose : cette mobilisation modifiera-t-elle le jeu de rôles dans lequel les syndicats se sont enfermés depuis six ans ?
Par ailleurs, il n’est pas dit que les cheminots puissent être aujourd’hui les porte-parole de la critique sociale comme en 1995. Au sein de la SNCF, les collectifs de travail ont été défaits et de nombreux agents sont à présent contractuels. On verra si cela a – ou non – affecté la capacité de blocage des syndicats. Et la perception dans l’opinion de la SNCF comme service public est beaucoup moins forte qu’il y a vingt ans.
Le point de convergence de ces oppositions renvoie au politique. Ce n’est pas l’inquiétude mais l’espoir d’un changement qui pousse à l’action. Les mobilisations passées portaient le désir du « gouvernement d’après » et ont eu des effets différés : en 1997, la gauche a gagné et la mobilisation sur les retraites a fait beaucoup de mal à Nicolas Sarkozy. C’est quoi, le « gouvernement d’après » Emmanuel Macron »?
À méditer, n’est-ce pas cette question de la perspective qui revient au centre du débat politique de fond aujourd’hui, au-delà des manœuvres souvent très politiciennes sur le rassemblement et les convergences politiques et sociales ?
L’équipe de communisme-et-politique