Comme tout adhérent communiste, j’attendais avec impatience les propositions que formulerait le Conseil national du PCF les 2 et 3 juin pour lancer et animer une discussion sortant des sentiers battus pour un Congrès lui-même à la hauteur des défis posés à l’existence du PCF.
Les premières informations reçues avant le texte complet parlaient d’un texte « à fenêtres » ce qui laissait supposer comme cela existe dans d’autres formations (ex, la FSU) des sujets présentant des options entre lesquelles choisir. Qui dit fenêtre, ne dit-il pas entrée d’air frais, donc d’idées nouvelles !
Las, le texte reçu est formulé sous forme de « thèses » donc d’affirmations et non d’interrogations et les fenêtres ne proposent pas de choix, mais un vague descriptif d’opinions diverses, sur lesquelles, nous ne serons pas consultés directement. Les fenêtres sont en fait ce que l’on appelle en architecture des « fausses fenêtres, « forme de décoration extérieure, parfois en trompe-l’œil« . Wikipedia ajoute que « Ces fausses fenêtres étaient destinées à réduire le montant de l’impôt sur les portes et fenêtres. Cet impôt fut accusé de pousser à la construction de logements insalubres, avec de très petites ouvertures, donc sombres et mal aérés« !
Ainsi, au lieu de favoriser le débat ouvert, fraternel et libre, la direction a choisi une solution étriquée et Pierre Laurent nous prévient, dans sa lettre aux adhérents du 12 juin, qu’il faut lire les thèses « avec attention pour pouvoir en discuter en connaissance de cause et à ne pas t’en tenir à quelques commentaires sur des réseaux sociaux« ! Merci de l’avertissement pour les esprits faibles comme le mien ! Il précise encore un peu plus loin, « Le travail auquel tu es appelé·e dans les jours qui viennent consiste donc à s’approprier ce texte » (s’approprier, pas le discuter). Les priorités sont fixées, le débat est accepté du bout des lèvres et n’est pas encouragé, puisqu’il ajoute : « De plus, si malgré tout [!?], textes alternatifs il y a, les communistes -conformément à nos statuts- se prononceront les 4, 5 et 6 octobre par un vote pour choisir la base commune de discussion« .
Alors, pourquoi cette frigidité face à la réflexion pourtant nécessaire ? Alors qu’il faut « un Congrès du PCF qui soit vraiment extraordinaire. C’est-à-dire un congrès à la hauteur des problèmes posés à la société française et à nos concitoyens et concitoyennes, à la hauteur des questions posées sur l’existence même d’un parti communiste en France« , comme l’écrivent dans un Mémorandum les animateurs de communisme-et-politique (http://communisme-et-politique.org/2018/05/31/ce-que-nous-pensons-ce-que-nous-voulons/#more-275 )?
Ceux-ci mettent en débat trois questions sur lesquelles il ne faut pas se contenter d’un « descriptif mou » comme dans les fausses fenêtres du texte, mais d’un débat approfondi.
1/ La question du bilan des directions du PCF dans les échecs cuisants et l’effacement progressif de celui-ci n’est pas une question de polémique mais une question politique centrale, comme en témoigne le bilan des élections de la dernière décennie.
2/ Il faut construire-reconstruire un PCF véritablement utile aux salariés – salariées
3/ Les développements des mouvements sociaux, la contestation de l’offensive libérale du pouvoir et du Medef, interpellent la capacité à ouvrir une perspective politique, à répondre à la formidable demande d’unité. Il s’agit dès maintenant de prendre les initiatives fortes, visibles, audacieuses, pour une dynamique unitaire, à gauche, face à Macron, et pour un « après-Macron ».
Enfin, pour les animateurs de communisme-et-politique, le communisme est au cœur du débat politique sur le changement. C’est à la fois un idéal et l’action pour une société plus juste, plus solidaire, plus démocratique, libérée de la domination des capitalistes. C’est indissociablement une stratégie politique de conquête du pouvoir.
Jean Sandétour