Les adhérents du PCF (40 937 à jour de cotisations) se sont prononcés à 53 % des exprimés en faveur du soutien à la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Quatre jours après cette consultation, les résultats complets par fédération commencent à être connus et deux constatations émergent pour l’observateur. Premièrement, il s’agit d’un succès relatif pour la direction du PCF alors que le secrétaire national, Pierre Laurent, sa prédécesseure, M-Georges Buffet, le directeur de l’Humanité, des élus importants, ont fait une campagne publique importante pour ce choix. Pour autant, dans quarante fédérations sur 90, c’est le choix pour une candidature communiste ouverte au rassemblement qui est venu en tête. Deuxièmement, le parti communiste semble, et c’est inédit, en voie d’être coupé en deux par ce vote sous influence. C’est un reproche que, sans doute, de nombreux adhérents, vont faire à la direction actuelle dans les prochaines semaines.
Pour conjurer ce reproche, la direction annonce une « campagne autonome » des communistes aux côtés de la « France insoumise ». Cette posture sera-t-elle tenable longtemps ? On peut en douter.
La déclaration du Parti de Gauche, dès dimanche soir, appelant le PCF à « porter le programme l’Avenir en commun » laisse peu d’espace politique. La « France insoumise » veut, apparemment, des alliés « soumis »… On est, semble-t-il, assez loin de la déclaration adoptée par le dernier Congrès du PCF, déclarant : « Si nous regrettons les conditions dans lesquelles la candidature de Jean-Luc Mélenchon (…) a été annoncée, nous continuons à l’inviter à s’inscrire dans cette conception collective » : l’invitation est toujours ignorée.
Autonomie remise en cause à l’intérieur même du PCF puisque les les partisans de J-L Mélenchon, groupés sous la bannière de « Front commun 2017 » organisent dès le 3 décembre, une réunion nationale pour « créer un cadre commun et pluraliste de campagne » et faire pression pour faire capoter cette fumeuse notion de campagne autonome.
Une des questions épineuses pour la direction du PCF par rapport à ses adhérents risque d’être la demande probable de la « France insoumise » que le parti retire une dizaine de ses candidats dans des circonscriptions gagnables pour garantir à J-Luc Mélenchon un groupe parlementaire.
Ce choix au forceps par le PCF du soutien à la candidature Mélenchon à l’élection présidentielle n’est pas qu’un problème interne aux seuls adhérents du Parti communiste. L’absence de candidat communiste, la quasi-inaudibilité des propositions originales portées par les communistes, inquiètent de nombreuses personnes ou courants d’opinions extérieurs à ce parti. Ils y voient souvent un risque de rétrécissement sectaire autour des positions souvent aventureuses ou populistes du candidat de la « France insoumise ».
De plus, le succès de la primaire de la droite, la droitisation extrême des positions qu’elle a exprimée commence à faire réagir de nombreux Français. La droite a su mobiliser le noyau décisif de son électorat, plus de quatre millions de personnes, en gérant le débat, voire les affrontements d’idées, avec un arc politique extrême allant de NKM à Frédéric Poisson ! Et la gauche ne pourrait pas gérer l’affrontement d’idées avec cet arc aussi extrême allant de Arthaud à Hollande / Valls ? Quant à ceux qui disent que si Hollande ou Valls participait à une primaire, ils gagneraient à coup sûr, l’exemple de la remontée victorieuse de Fillon face à Juppé et Sarkozy, démontre qu’il n’y a plus de situation acquise. Les Français sont mûrs et sont prêts pour des solutions novatrices.
La victoire de François Fillon et de son programme, dimanche, rend absolument nécessaire de modifier la nature du débat pour la préparation des élections de 2017. Face au péril de la droite et de l’extrême-droite, il s’agit de construire, dès maintenant, un puissant rassemblement, sans exclusives et sans invectives, pour la défense de notre modèle de santé, de notre modèle de protection sociale, pour des services publics de qualité. C’est ainsi que nous éleverons une digue contre le programme-bulldozer de la droite. C’est par ce chemin que le rassemblement social peut contribuer à relancer le rassemblement politique à gauche pour une vraie alternative et donner espoir à une possible majorité progressiste.
Jean Sandétours
30/11/2016