Extraits de la conclusion du livre « Énergie et communisme »,
de Valérie Gonçalves et Eric Le Lann,
(choisis par l’équipe d’animation du site Communisme et politique pour contribuer au débat sur le communisme aujourd’hui).
« Encore un dernier mot, à propos du titre du livre, Énergie et communisme, une vision d’avenir. Il y est question de communisme, et pourtant nous n’avons pas abusé de ce mot à toutes les pages. Nous sommes-nous pour autant éloignés du sujet ? Nous ne le croyons pas. Notre vision du communisme est un communisme en actes, en pratique. Quand nous évoquons le droit à l’énergie pour tous, ne nous sommes pas dans la lignée du Manifeste du Parti communiste qui évoque « une association où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous » ? Quand nous évoquons les combats pour les services publics, les biens communs, ne sommes-nous pas dans ce « mouvement réel qui abolit l’état de choses existant », selon les termes utilisés par Marx et Engels pour décrire le communisme ? La communiste chilienne Irai Harasser, élue maire de Santiago, le disait avec d’autres mots en répondant à la question « Qu’est-ce qu’être communiste aujourd’hui ? » : « agir chaque jour pour inverser l’ordre des privilèges et l’accumulation de richesses, au prix du temps et du travail de la majorité, dans un monde qui a parfaitement les moyens pour que nous vivions tous bien. C’est faire confiance à l’humanité, lutter pour une société où nous nous développons tous librement et pleinement, avec toutes nos potentialités, dans la dignité et l’égalité des droits ».
La philosophe Isabelle Garo rappelait dans le journal l’Humanité que Marx voyait le communisme comme « la réappropriation par l’humanité de ses propres forces sociales »1. L’ambition de mettre la maîtrise des sources d’énergie au service de tous participe de cette réappropriation. Dans notre pays elle est symbolisée par les noms de deux communistes : Frédéric Joliot-Curie qui fut évincé en 1950 de la direction du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) où il développait les applications pacifiques des découvertes sur l’atome pour avoir déclaré « les savants communistes et progressistes ne donneront pas une miette de leur savoir pour la bombe atomique » et Marcel Paul qui œuvra à la nationalisation du gaz et de l’électricité en 1946. C’est dans une telle perspective que nous nous inscrivons et c’est pourquoi les propositions avancées dans ce livre se sont nourries des mobilisations et des réflexions des salariés de l’énergie, en France, en Europe et dans le monde. Pour reprendre les mots d’Engels dans la préface à la Situation de la classe laborieuse en Angleterre, « seul quelqu’un qui aurait l’âme d’un mercanti anglais pourrait refuser son estime » à ces salariés.
Comme communistes, nous ne cherchons pas à tracer en petit comité les plans de la cité idéale, nous nous situons dans un mouvement de transformation enraciné dans les acquis des générations passées, dans les combats de tous les peuples. Notre démarche est confiante dans l’immense capacité de coopération des êtres humains, dans leur travail comme dans leurs aspirations, qui seule a permis les progrès réels de l’humanité. »
Énergie et communisme, de Valérie Gonçalvès et Eric Le Lann. Éditions Manifeste ! 12 euros.
1 – Entretien avec Pierre Chaillan dans l’Humanité du 22 mars 2019