DÉBAT – Pour un communisme du XXIe siècle

Le congrès extraordinaire que prépare notre parti met au cœur des débats préparatoires la
question du type de communisme que nous voulons placer au centre de la vie politique française.
Communisme nouveau, communisme du XXIe siècle ?
Communisme ici ne s’entend pas comme la forme de société inédite que nous entendrions
instaurer à une échéance impossible à définir. Pas plus qu’il ne s’entend comme adaptation ou
rectification de ce que furent les socialismes existants du XXe siècle – ce point ne fait plus guère
controverse dans nos rangs. C’est du communisme aujourd’hui qu’il s’agit. Notre point de mire sera
donc le communisme comme processus de dépassement du capitalisme et non comme
aboutissement – au demeurant difficile à dessiner -, le communisme comme combat politique qui
doit et qui peut se livrer dès maintenant contre cette forme particulière de la reproduction
capitaliste qu’est la mise en œuvre des différentes mesures gouvernementales décidées sous
l’égide du président Macron.
L’ambition de ces quelques lignes se limite à esquisser le contexte qui conditionne les
caractéristiques de notre communisme.
Emmanuel Macron, un peu plus d’un an après sa prise de fonction, occupe toujours sans
partage tout l’espace où se décide la politique bourgeoise. Aucun des deux partis, ni LR ni le PS, qui
ont dominé la Ve république ne peut plus pour l’heure l’inquiéter, pas plus dans la production
d’idées que dans l’action proprement dite, comme en témoigne l’arène parlementaire.
L’impossibilité actuelle de faire entendre en France des propositions capitalistes alternatives
s’origine dans les deux quinquennats qui ont précédé l’élection d’Emmanuel Macron. Sarkozy et
Hollande ont gouverné sous le poids des conséquences de la crise des subprimes déclenchée en
2007-2008. Cette crise n’a laissé aucune échappatoire aux gouvernants. Ils ont dû procéder à tous
les ajustements, engager toutes les réformes qu’exigeait un capitalisme désormais exclusivement
obsédé par la tonte de dividendes qui peuvent s’envoler en fumée aussi vite qu’ils s’accumulent
dans les capitalisations boursières. Les héritiers patentés ou honteux de Sarkozy et Hollande, après
avoir logiquement échoué à séduire les électeurs, s’échinent vainement sous nos yeux à contester
un Macron sans attache et sans passé qui peut sans complexe faire avec une âpreté renouvelée la
politique du capital qui les a mis hors jeu.
L’impossibilité politique d’une alternative capitaliste à Macron, déterminée par les
conditions mêmes de la reproduction capitaliste, ouvre actuellement le champ à la seule
alternative qui soit, celle du dépassement du capitalisme, l’alternative communiste. Premier
élément de contexte, élément décisif.
Pour l’heure, si le mouvement continu d’absorption par La République en Marche de forces
vives venues des rangs LR et PS pour conforter l’action du président de la République s’est un peu
ralenti, il n’en continue pas moins à repousser sur les confins de l’échiquier politique les
populismes de Wauquier, Mélenchon ou Le Pen. Cela ne signifie pas que leur démagogie est
durablement hors jeu. Si le PCF ne s’impose pas pour ouvrir une perspective politique qui réponde
au mécontentement populaire, celui-ci connaîtra un naufrage à l’italienne, et tout le pays avec lui.
Deuxième élément de contexte.
Troisième élément de contexte, les incessantes innovations technologiques qu’induisent ce
qu’il est convenu d’appeler les révolutions numérique et écologique nous confrontent à une triple
mutation.
Désormais les procès de production de biens matériels ou immatériels changent
constamment. Les savoir-faire individuels ne peuvent plus assurer à quiconque un emploi pour
une vie entière dans aucun type d’entreprise, industrielle ou non.
Simultanément, l’application des résultats de la recherche scientifique confère aux
opérations intellectuelles une place sans cesse plus importante jusque dans les phases d’exécution
de la production. A l’ère de la R&D (Recherche et développement) les cadres, autrefois confinés à
la fonction de représentants du capital dans l’atelier ou le bureau, sont devenus eux aussi
contingents pléthoriques dans les bureaux d’études ou les bureaux de méthodes.
Cependant nombre de jeunes diplômés dédaignent le salariat et préfèrent se lancer dans la
création d’entreprise pour mettre en application les résultats les plus récents de la recherche.
Souvent soucieux de ne pas reproduire dans leurs start up les rapports traditionnels entre patron
et employés, ils sont avant tout confrontés à la question vitale des sources de financement.
Telles sont à notre sens les conditions qui nous font obligation. Les solutions que nous
inventerons seront du ressort de notre congrès. Mais en tout état de cause elles ne pourront pas
ignorer le contexte politique, économique et social ici esquissé.
Christian POIRSON, co-secrétaire de la section de Nancy du PCF

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