La direction du PCF aura fait carton plein.
Elle aura réussi mettre dans le brouillard et diviser les communistes comme rarement ils l’ont été.
Les appels a l’unité d’après coup, aussi généreux et utiles soient ils, ne peuvent effacer la réalité des communistes : quelques uns (il faut le dire!) qui ne croient plus au PCF, et sans l’avouer, sont déjà l’après « Parti » en affichant depuis longtemps un ralliement sans conditions a Mélenchon; une partie importante de communistes, (j’en ai rencontré quelques uns depuis dimanche), qui ont voté l’option 1 par défaut, ou par peur d’un très faible score du PCF, peur entretenue ici ou là par certains dirigeants communistes (ce qui en dit long sur leur confiance en leur parti et la vitalité de son message dans cette période); et puis une grande partie convaincue de l’utilité d’une candidature communiste pour œuvrer au rassemblement qui se sont retrouvés dans l’option 2.
Elle aura réussi aussi ce tour de force (inédit dans l’histoire du PC) de faire adopter une démarche pour viser jusqu’au bout le rassemblement,… pour atterrir, au bout du compte, à l’issue d’une consultation étriquée, sur un choix par défaut, sans aucun élan, un choix qui va l’opposé même de la démarche adoptée (texte de congres et résolution de la conférence nationale). Le communiqué de la direction du PG le soir même de la consultation (« une bonne nouvelle ») est de ce point de vue sans équivoque: il n’y aura pas de rassemblement avec la France insoumise. C’est « suivez nous! », et c’est tout. Un communiqué en forme de bras d’honneur aux communistes.
La direction du parti sera parvenue de fait, alors que le besoin de rassemblement est plus que jamais une condition pour battre la droite et répondre aux attentes populaires, a contribuer à en obscurcir l’horizon, et à légitimer la ligne de Mélenchon des gauches irréconciliables. Démarche qui n’est pas, n’a jamais été celles des communistes. Parce que, même dans les plus grandes difficultés, nous communistes, nous ne renonçons pas.
Elle aura aussi réussi le tour de force de mettre en difficulté et sur la défensive d’ores et déjà des communistes et leurs élus qui militent et œuvrent dans les collectivités locales en participant à des majorité de gauche pour répondre aux attentes et être utiles aux citoyens. Ils étaient déjà dans beaucoup d’endroits sous les feux permanents des attaques des « édiles » du PG, attaqués dans leur utilité d’élus communistes, souvent « sommés » de choisir leurs camps…. tout cela pour légitimer leur théorie des deux gauches irréconciliables. Après cette consultation, ils vont être un peu plus fragilisés. On aurait voulu abandonner un grand nombre d’élus communistes en rase campagne qu’on ne s’y serait pas pris autrement.
Enfin, et c’est là le plus inquiétant et grave a mes yeux, elle aura participé d’un renoncement assumé à faire exister l’empreinte du communisme a la française au sein dans la gauche, conduisant peu a peu, sans bruit, a une sorte d’effacement du parti communiste. Les reculs consécutifs du parti communiste en nombre d’élus d’élections en élections (européennes, régionales, municipales,..), puis le « largage » unilatéral par JL Mélenchon du Front de Gauche auraient du pourtant conduire la direction du parti a un examen critique, a affronter avec lucidité et courage ces désaccords stratégiques, et donc à faire du parti communiste, de son utilité, de sa présence politique le moyen de faire bouger les lignes.
Je suis plus que jamais convaincu que la voix d’un parti communiste offensif, ouvert et portant les attentes populaires au cœur d’une démarche de rassemblement peut être très largement entendue et comprise. Elle est de surcroît attendue à gauche.
Au lieu de cela la direction du parti a continué d’entretenir les confusions: affichage d’une volonté de rassemblement large a gauche (lundis de la gauche,..); mais contrarié de l’autre par une « course poursuite » derrière la France insoumise de JLM. Avec comme point d’orgue de cette confusion, le refus (en particulier de P. Laurent lors du congres) de mettre en débat et a disposition un candidat communiste. Bref un renoncement à exister pour peser clairement dans le débat. Cela entraînant un désarroi dans le parti, un sentiment « d’absence » ressenti profondément par de très nombreux communistes. La consultation de fin novembre est venue clôturer cette séquence de confusion, d’indécision et de renoncement de la direction du Parti.
Mais Rien n’est écrit et définitivement joué!
Car au fond les communistes ont exprimé d’abord un besoin fort de rassemblement. Le fait que le choix d’un candidat communiste comme moyen d’y contribuer ait été appuyé par presqu’un adhérent sur deux (et même majoritairement dans une quarantaine de fédérations) est une force considérable. D’autre part de nombreux communistes qui ont rallié l’option 1, par défaut plus qu’autre chose, ne sont pas prêts a renoncer a rassembler largement a gauche face a la droite ultralibérale et au FN, ce que ne peut permettre la candidature et la démarche de la France insoumise.
Les communistes dans leur diversité de leur vote, ne doivent pas se laisser déposséder de leur volonté exprimé au congres et au travers de la résolution de la conférence nationale de travailler au rassemblement. Comme vient de l’écrire André Chassaigne « tout doit être fait pour rassembler la gauche d’alternative à l’austérité, aujourd’hui éclatée, sur un programme social répondant aux besoins des Français, et pour battre la droite ultralibérale et l’extrême-droite. »
30/11/2016
J.RZ