« PCF et maintenant ? Appel à une discussion nécessaire sur l’avenir de la gauche et du communisme d’anciens et actuels dirigeants communistes ou animateurs de la vie sociale : »
« Une majorité politique, porteuse des solutions ultra-libérales néfastes d’Emmanuel Macron, a triomphé en France. Une poussée populiste inquiétante et très dangereuse s’est traduite par la présence de candidats du FN au 2e tour des élections législatives dans plus d’une circonscription sur cinq. La gauche, écartée à la présidentielle avec Benoît Hamon à 6,36 % et Jean-Luc Mélenchon à 19,58 %, recueille moins de 30 % des suffrages aux législatives.
Au terme de cette année de campagne et d’élections, le bilan est désastreux. Le paysage est dévasté. Le socle vermoulu des vieilles idées et des pratiques hors-sol n’a pas résisté au besoin de renouvellement de personnes, d’idées et de pratiques. Le problème, c’est que la stratégie de recomposition, la division de la gauche voulue ou subie, se traduisent par un recentrage vers la droite, une gauche en miettes, éclatée et marginalisée. La période ouverte s’annonce dangereuse et douloureuse pour la masse de la population.
Le Parti communiste, absent aux élections présidentielles, ne recueille que 3,17% des suffrages et 615 287 voix aux élections législatives. C’est un échec douloureux. Il sort de la période électoralement exsangue. La stratégie qui a fait dépendre son existence politique de partenaires devant lesquels il était pressé de se soumettre ou de disparaître, a conduit à une nouvelle étape de sa marginalisation. Personne, depuis l’échec de 2007, personne ne pouvait ignorer que cette stratégie conduisait à l’effacement progressif du Parti communiste français. On peut comprendre l’amertume de celles et ceux, communistes ou pas, qui sincèrement se sont engagés dans le mouvement pour un nouvel élan de la gauche après des années de déception, et qui, aujourd’hui, découvrent l’impasse où on les a conduits.
Le PCF est meurtri, divisé. Dans un moment de désarroi, le poids de l’échec et le découragement portent le risque de la fuite en avant, d’analyses courtes, de règlements de compte, de récupérations. Déjà, se manifestent les pressions pour le ralliement et l’absorption dans la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon.
Il existe aujourd’hui un risque réel d’élimination du Parti communiste français de la vie politique de notre pays. Pourtant, l’idée communiste, repensée à la lumière des mutations du siècle, des défis posés à l’humanité, et des crises qui percutent le monde ancien, répond au besoin d’émancipation de l’individu dans des garanties collectives et solidaires, dans l’essor nouveau des formes d’économie sociale et solidaire, dans la montée des aspirations aux valeurs de partage, de solidarité, de participation, dans la révolution numérique et informationnelle, dans le mouvement des logiciels libres, dans la volonté de conquérir la maîtrise partagée des biens communs de l’humanité en lien avec le respect de l’avenir de la planète.
Pour développer et promouvoir ces marqueurs d’un communisme d’aujourd’hui, pour contribuer au débat sur la reconstruction d’une gauche inscrite dans les préoccupations populaires, il faut prendre le temps d’un débat approfondi, réellement ouvert. Il s’agit de comprendre les raisons de l’échec, tant immédiates que stratégiques, pour en tirer les premières leçons. Vouloir mettre en discussion, dès à présent, la question du nom d’une formation communiste, c’est « agiter un chiffon rouge » qui empêche le débat collectif nécessaire en le « clivant ».L’échec subit ne se réduit malheureusement pas à la question du nom. Cette question, si elle est posée, viendra en son temps. Il s’agit de répondre ensemble et définir l’organisation politique, expression de « l’idée communiste », assumant un héritage et adaptée dans ses idées et ses pratiques aux conditions nouvelles du combat émancipateur.
Comme militants communistes, nous appelons à l’organisation de ce débat, non pas « sans tabou », mais sans pression ni concession, approfondi, ouvert et respectueux. Ce débat doit être ouvert dans le Parti communiste français et, au-delà, avec toutes celles et ceux qui se sentent concernés par ce chantier du futur et de l’espoir. Cet appel est une contribution à la discussion qui est d’ores et déjà engagée. Nous appelons à le soutenir et à le discuter, sous toutes les formes que chacun et chacune jugera la plus appropriée ».
Premiers signataires : Pascal Bonneau, Christian Bastid, Michel Ceruti, Daniel Cirera, Denis Cohen, Daniel Durand, Roland Jacquet, Karin Jarry, Brahim Jlalji, Christian Jutel, Eric Le Lann, Fabienne Pourre, Julien Ruiz, Roger Tirlicien.
Pour s’associer à cet appel, signer sur pcf-et-maintenant.unepetition.fr