Un sondage réalisé le 20 septembre dernier par l’institut ODOXA pour le Parisien-Aujourd’hui en France, sur « l’image du PCF » interpelle.
Il faut bien sûr replacer les résultats de ce sondage dans la crise générale des outils poliques. Un sondage récent de « l’Observatoire de la démocratie » n’indique-t-il pas que « seuls 15 % des Français envisagent de militer dans un parti politique ». Ce sondage sur l’image du PCF est important car la dégradation de l’image du PCF, l’affaiblissement de son action dans la société concerne, au delà des dirigeants et membre de ce parti, l’ensemble des forces qui veulent travailler à une transformation sociale et démocratique de la société. Il serait illusoire de croire que les avancées générales ne puissent reposer, en effet, que sur l’affaiblissement d’une seule de ses composantes. Les avancées sociales de 1936, de 1945 ont reposé sur une poussée générale des idées démocratiques et des rassemblements et compromis politiques entre des forces de gauche qui, toutes, étaient en progression.
Il reste que ce sondage interpelle directement les dirigeants et militants communistes car il révèle une profonde coupure avec le peuple : 54 % des sondés ne pensent pas que le « PCF défend bien les classes populaires », 64 %% ne pensent pas qu’il « soit proche des gens », 64 % également n’estiment pas qu’il « soit utile à la vie politique française ».
Le constat est dur : on peut l’aborder sous plusieurs angles. Il y a un recul de militantisme et de présence physique des militants communistes. Le fait que le nombre d’adhérents du PCF a été divisé par 5 depuis 1980 y est pour beaucoup, la perte de nombreux municipalités à direction communiste, points d’ancrage avec la population et démonstration des possibilités d’aide à l’amélioration au quotidien de la vie des gens, y contribue également.
On objectera que les militants communistes ont été très actifs dans les dernières mobilisations sociales comme la loi « Travail », actifs sur le plan du logement social, de l’antiracisme, etc…
Or malgré cet activisme, il y a un grippage de l’accroche au peuple du PCF.
D’autres chiffres du même sondage sont à verser dans la réflexion.
68 % des sondés pensent que le PCF « appartient au passé », 53 % qu’il est « populiste » et 52 % qu’il est « sectaire ».
On pourrait donc avancer aussi l’hypothèse que la coupure avec le peuple vient peut-être d’une insuffisante prise en compte des préoccupations actuelles des couches populaires dans leur réalité d’aujourd’hui. Pourquoi y-a-t-il un tel décrochage, non seulement dans des régions paupérisées comme le Nord-Pas-de-Calais mais aussi dans des zones « rurbaines » ? Là ce sont de jeunes ménages salariés, accédants à la propriété, loin de l’image du ménage ouvrier en HLM, qui considèrent que leurs problèmes ne sont pas pris en compte par les partis ouvriers traditionnels. Ailleurs, ce sont tous ces jeunes, éduqués, formés, vivant dans de nouvelles précarités qui s’appellent « auto-entrepreneurs », sont soumis aux CDD à répétition, mais qui, eux aussi, ne se considèrent pas comme des jeunes en galère comme dans les années 80, ne voient pas leurs nouveaux problèmes pris en compte.
La coupure n’est -elle pas seulement due à une baisse de militantisme mais aussi à une insuffisante prise en compte du « nouveau » dans la société ?
Cette interrogation est renforcée par d’autres chiffres de ce sondage : 83 % des sondés pensent que le PCF ne s’est pas « adapté aux évolutions du monde », 90 % qu’il n’est pas « innovant » et qu’ainsi pour 82 %, il « n’est pas capable de gouverner ». L’expérience positive des ministres communistes, trop souvent minorée par le discours du parti lui-même, est ainsi passée complètement à la trappe.
Ces chiffres qui se sont stabilisés depuis 2015 ne peuvent pas ne pas soulever des interrogations et la réflexion : « comment travailler à être plus utile aux gens », en s’appuyant sur leurs préoccupations d’aujourd’hui dans leurs évolutions, tout en revalorisant le militantisme en général, et en prenant en compte ses nouveaux développements, souvent plus individualisés avec les réseaux sociaux ? L’avenir d’un parti communisme dans la décennie à venir se jouera sans doute pour une bonne part autour de ce double enjeu.
Le besoin de « lisibilité » des propositions du PCF aujourd’hui, tant dans le court terme que la vision d’avenir, se fait encore plus sentir alors que s’ouvre le grand débat politique de 2017. La manière dont le PCF sera présent est donc plus qu’un enjeu interne mais interroge sur le type de rassemblement qui va se construire ou non à gauche.
Jean Sandétours