Pour une offre communiste nouvelle – Réflexions

Alors que l’élection d’Emmanuel Macron s’est construite par le refus des extrêmes populistes de droite et de gauche,

par une abstention bienveillante, sanctionnant l’absence de réponses suffisantes à la vie quotidienne des gens,  c’est cet enjeu qui reste au cœur de la demande politique.

Force est de constater, élections partielles après élections partielles, sondages après sondages, combien le mécontentement reste à un très haut niveau et que le Président de la République et son Gouvernement peinent, non seulement à séduire l’opinion, mais sont à un niveau quasi égal de popularité à celui de la présidence Hollande tant décriée.

Pourtant rien ne vient perturber la détermination d’Emmanuel Macron à poursuivre la libéralisation de notre économie et à casser les acquis sociaux qui ont tant contribué au redressement du pays et à la justice sociale.

C’est que l’opposition à cette politique est en miettes.

Pire même : la surenchère à droite, de Wauquiez à Marion Le-Pen, vulgarise la pensée d’extrême-droite et participe activement au recul de la pensée de gauche et singulièrement communiste.

Cette dernière doit oser regarder la vérité de l’instant, qui est la vérité de ses errements idéologiques et stratégiques du Front de Gauche, afin de reconstruire une pensée communiste qui redonne envie de mener les combats et construire les rassemblements pour changer de société.

Pour cela point besoin de se gausser de l’effondrement du PS qui n’apporte aucune plus-value au PC, qui d’ailleurs, hormis des enracinement locaux, continue à perdre de l’influence dans des étiages d’une médiocrité à ne plus faire peur qu’à son ombre.

Et pourtant tout indique que notre peuple est en attente d’une offre politique réellement nouvelle qu’a trahie l’escroquerie intellectuelle d’Emmanuel Macron à l’instant T de la présidentielle. Tout comme Jean-Luc Mélenchon, dans un autre registre, et qui le lendemain des législatives, après avoir prétendu défendre les gens, brise le frémissement de l’unité syndicale contre la Loi Travail et laisse délibérément un boulevard pour permettre sa réussite.

Nous nous trouvons donc dans une situation paradoxale que confirment les divergences au sein de l’extrême-droite en recherche d’un second souffle, comme si le rajeunissement du visage de la famille Le Pen pourrait masquer la violence des politiques fascisantes.

Situation paradoxale confirmée par les prises de position non seulement privées, et j’ose dire surtout publiques, de Laurent Wauquiez, car ce sont bien ces dernières qui lui ont permis de gagner de façon écrasante la présidence des LR.

Nous sommes bien dans une situation contradictoire où le mécontentement nourrit l’espoir des droites de prendre le pouvoir pour aller plus loin encore que Macron dans la division de la société française et pour l’adapter encore davantage aux exigences de la finance, et où, dans le même moment, ce même mécontentement nourrit l’espérance populaire de voir émerger une nouvelle réponse politique de gauche.

La France Insoumise a fini de porter celle-ci. Le PS, même s’il n’a pas fini de solder ses divisions, n’est pas encore définitivement exclu d’une rédemption pouvant le faire renaître.

D’ailleurs les débats internes qui l’animent devraient davantage nous interroger sur tout cet espace politique qui n’est malheureusement plus occupé aujourd’hui. Cet espace qui doit être pour nous, communistes, une véritable invitation à saisir toutes les préoccupations qui taraudent notre peuple et notre pays, non par la voie pétitionnaire, mais par la recherche d’une réponse politique qui donne à voir la possibilité de changer de société.

Crise du pouvoir d’achat, crise agricole, attaques contre la SNCF, offre médicale et hospitalière insuffisante, crise des Ephad, crise de l’emploi (quoiqu’on en dise), financement de la sécurité sociale, celui de la retraite, celui des collectivités locales…

Bref, nous assistons à une politique qui prétendant résoudre un problème après l’autre oppose un dossier contre un autre dossier, jouant habilement et intelligemment de la vérité proverbiale : « diviser pour régner ».

C’est tout à la fois dans les très fortes attentes des gens et le refus des divisions que nous devons avoir la capacité de construire les propositions politiques répondant aux réalités d’aujourd’hui.

À cet égard le projet communiste doit prendre en compte : 

– le monde avec ce qu’il porte comme potentiel pour engager les coopérations, voies indispensables du développement durable entre les peuples et pour un monde en paix.

– l’Europe avec ce qu’elle porte comme insuffisance nourrissant les populistes de droite et de gauche pour élaborer un projet européen immédiat en s’appuyant sur la volonté forte d’une Europe sociale, d’une Europe pour tous.

– la France qui aspire à vivre mieux, sans promesses démagogiques ou visées inaccessibles, souhaite un rêve à portée de mains. Pour cet objectif il faut repenser l’ensemble des services publics et de la fonction publique sans tabou, le statu quo étant un véritable risque mortifère pour leur devenir comme l’atteste l’attaque contre les cheminots. Les questions de l’industrie, de l’agriculture, de la santé, de l’énergie doivent être revisitées dans une cohérence locale et globale de péréquation territoriale comme de coopérations européenne et mondiale.

Les financements de politiques de solidarité doivent aussi être abordées sans complexe. La fiscalité appelle à un débat de fond pour démontrer qu’elle peut être juste et efficace dès  lors que nous la refondons.

Et la taxe sur les mouvements spéculatifs repensée peut-être un outil reconnu si nous démontrons par un taux acceptable par la majorité de nos concitoyens son efficience économique et sociale.

Pour tout cela nous devons partir du réel où le besoin de gauche et de communisme est posé dans un moment où gauche et communisme sont électoralement au plus bas. Nous devons voir avec lucidité cette vérité non pas pour en rabattre sur les contenus mais pour qu’ils soient accessibles et crédibles pour la majorité de nos concitoyens. Parce qu’il est impossible de conduire le Pays au changement espéré sans majorité.

Pour cette ambition, ce sont des ateliers de la pensée communiste qui doivent s’ouvrir, pour oser le Congrès de la reconquête.

Février 2018

Roger TIRLICIEN

(Moselle)

Membre du Conseil national du PCF de 2000 à 2008 

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