La bataille fait rage dans ce monde en crise entre les tenants du désordre néolibéral établi et les forces d’émancipation humaine, de transformation sociale. La lutte des classes est toujours au rendez-vous. Les événements qui se succèdent sont contradictoires. Ils montrent la violence du bras de fer engagé du « local au mondial ». Le niveau atteint de ce qu’il est convenu d’appeler la lutte des classes.
Heureuses et mauvaises nouvelles font joies et déceptions. Il y a Jimmy Sanders et.. le coup d’État au Brésil. L’étau se desserre sur Cuba et… les néolibéraux, les banquiers reprennent le pouvoir en Argentine, au Venezuela et au Guatemala. Les communistes gagnent au Kerala, les pouvoirs autoritaires sont le lot de bien des pays d’Afrique. Les guerres et conflits semblent impossible à arrêter, les migrations qu’ils génèrent s’échouent en Méditerranée. Certes, il y a Jeremy Corbyn qui bouscule le traditionnel Labour, et aussi la Grèce qui croule sous les diktats d’une Europe de la finance. De justesse, l’Autriche a évité le pire, l’Espagne et le Portugal portent l’espoir : ils sont déjà dans le viseur de la BCE.
Partout, où elles perdent, là où elles sont mises en difficulté, les droites mènent bataille pour garder le pouvoir, maintenir les diktats de la finance. L’extrême-droite, quant à elle, est de plus en plus en embuscade du Nord à l’Est de l’Europe. Et en France.
Dire cela ne nie pas dans le même moment, l’aspiration profonde des peuples à écrire une autre histoire et leurs résistances aux coups portés, c’est dire les difficultés auxquelles nous sommes confrontés.
Et il y a la France. La France, qui a élu un gouvernement de gauche, qui brade sans résister les conquêtes sociales et applique une politique qui empreinte plus aux desiderata du patronat et de la BCE qu’une politique, qui répond aux urgences sociales et aux exigences populaires. La France dont les valeurs de Liberté Égalité Fraternité sont bafouées par la loi Travail et le 49.3, la montée du FN, la radicalisation de la droite mises sous sa pression. La France qui revendique ses valeurs aussi les fait descendre dans les rues et sur la Place de la République (oh symbole !) ; la France qui résiste, qui revendique. La France d’un mouvement social grandissant marquée du sceau des manifestations, mobilisations, grèves syndicales, du sceau des rassemblements citoyens de Nuits Debout ! Les unes et les autres s’articulant, se rejoignant dans un désir de changer le cours actuel des choses, d’ouvrir un nouveau chemin vers l’émancipation et la transformation sociale.
Dans ce moment inédit aucun scénario écrit d’avance ne résiste à l’épreuve des faits, du mouvement réel. Un nouveau type de rapport entre le mouvement social et le politique est nécessaire. Il s’agit d’inventer. La dynamique actuelle bouscule les schémas, oblige les partis politiques de la transformation sociale à s’adapter en partant des exigences sociales et démocratiques qui s’expriment. La clé est dans le renouage d’un dialogue qui respecte la raison d’être des uns et des autres pour avancer vers des propositions utiles à tous, audibles par tous.
Le mouvement social actuel a besoin d’un débouché politique, de toute façon, il en aura un.
Cette nécessité oblige à regarder ce qui se passe du côté des forces politiques pour comprendre ce qui est en jeu et définir une stratégie efficace pour gagner.
La réalité de la vie politique dans notre pays, c’est une droite et une extrême droite qui se rejoignent bien souvent. La porosité de leur électorat devient plus aisée. Une droite qui se radicalise à son contact notamment depuis les victoires électorales de l’une et l’autre au niveau local, départemental régional. Le bilan des politiques mises en œuvre le prouve : les mesures anti-sociales, discriminatoires, antidémocratiques sont légion. Faire le bilan des régressions observées, pour les dénoncer, n’est pas superflu. Ne pas le faire serait coupable.D’autant plus que les propositions des candidats pour 2017 n’en dérogent pas (recul de l’ âge de la retraite, casse des services publics, remise en cause des protections sociales, des statuts, etc.). Il y a tout à gagner à dénoncer ces politiques ultra-réactionnaires pour mettre en œuvre avec les citoyens une autre proposition politique, une alternative de gauche.
Il y a bien une droite et une gauche. Bien sûr la politique gouvernementale brouille les repères. (n’est ce pas d’ailleurs le but de ceux qui la conduisent ?). Cette politique est un atout pour ceux qui veulent en finir avec le clivage Gauche/droite si spécifique à la France. Le piège est tendu. La situation au Parti Socialiste en donne la mesure. Il existe un réel débat entre les militants d’un parti social-démocrate qui se situe dans la tradition de la gauche française (avec entre autres des partenaires communistes) et les partisans d’une recomposition politique qui crée à la place du PS un parti que nous appelons social-libéral (social-démocrate à l’anglo-saxonne), une nouvelle force ouverte au centre.
Pour sortir du piège tendu, il nous faut revendiquer le clivage gauche/droite, l’existence de la gauche dans laquelle le PCF est un repère, appeler au rassemblement le plus large pour construire l’alternative nécessaire à gauche. Les millions d’électeurs qui ont voté pour une politique de gauche, les socialistes encartés ou non qui cherchent une autre voie que celle en vigueur, y ont toute leur place.
Le sujet est de mettre tout le monde en capacité d’élaborer ce projet, des propositions, des engagements précis et de décider qui les porteront à la Présidentielle et aux législatives et après.
Car il y aura un « après ». Pour être crédibles, il appartient aux communistes de partir des exigences portées par le mouvement social et de la nécessité de rassembler très largement les citoyens pour empêcher le retour de la droite et l’arrivée massive de l’extrême droite au parlement voire pire. Pour gagner une autre politique que celle en œuvre par le gouvernement. Pour qu’il demeure une représentation forte de la gauche jusqu’au plus haut niveau. Pour faire cela, les citoyens doivent être partie prenante de tout le processus et, dans ce cadre, choisir le candidat à la présidentielle est un atout. Choisir parmi les candidats qui s’engagent sur une plate-forme commune. Leur demander leur avis, c’est leur demander de voter. Cela s’appelle une votation citoyenne en général, un vote dans le cadre de primaires en particulier. Et parmi les candidats, pour que ce soit clair, il ne peut y avoir de choix pré-sélectionné. Le choix doit se faire avec, parmi les candidats, un candidat communiste.
Fabienne Pourre
26 mai 2016