Construire la candidature communiste. Dès maintenant. Les 3 dimensions indissociables

Il est temps pour le parti communiste de mettre de disposition du mouvement populaire, des forces sociales et citoyennes, du rassemblement des forces de gauche et écologistes une candidature communiste à la présidentielle de 2022.

Le 38ème congres avait pris la décision d’en créer les conditions, en l’inscrivant dans une vision renouvelée du communisme français, et dans une stratégie de reconquête de l’influence du parti communiste. Nous y sommes, et nous voila à « l’épreuve du feu ». Il nous revient de la faire vivre dès à présent, en l’articulant au contexte politique. Faire vivre, car cela relève autant d’un choix politique que d’une bataille et d’une dynamique pour le «crédibiliser», en montrant l’utilité et le sens dans un contexte de crise totalement inédit. Pour l’inscrire dans « l’imaginaire » populaire.

J’ai la conviction que la crise inédite que nous traversons, les questions et les urgences qu’elle fait surgir avec force sur la scène politique, renforcent la pertinence du choix de congrès. Elle nécessite même que nous accélérions le pas, en dépassant les doutes, les interrogations (voire les renoncements de quelques-uns).

Cette crise systémique, dont les dimensions et conséquences sont multiples, est inédite. Elle exacerbe toutes les fractures déjà à l’œuvre : explosion de la pauvreté, des précarités, des « tensions » au travail, des inégalités sociales, territoriales, de genre, mais aussi environnementale…. Le monde du travail, l’immense majorité des citoyens sont traversés par l’angoisse et l’incertitude du lendemain; mais aussi par des frustrations profondes, des colères souvent intériorisées. Elles peuvent conduire parfois au « repli », mais certaines commencent à se traduire aussi par des mobilisations sociales (dans la santé, l’école, la culture, loi sécurité globale,…). De ce point de vue le 2eme confinement ne ressemble pas au 1er. Certains chroniqueurs, évoquant un climat incertain, pointent même pour les mois à venir un « risque d’explosion sociale».

L’agenda et le débat politique sont bousculés. Le plan de relance Castex apparaît déjà de plus en plus insuffisant, inadapté, inégalitaire et injuste, abandonnant les plus fragiles, les classes populaires, les jeunes (comme une forme de fuite en avant dans les politiques libérales). Et désormais les questions majeures qui structurent la vie politique sont celles de la gestion de la crise, des principaux enseignements à tirer ; et surtout des réponses concrètes aux urgences sociales, économiques, écologiques qui frappent à la porte pour des millions de français et la jeunesse en particulier ; des politiques nouvelles à mettre en œuvre pour s’attaquer aux « failles » majeures, visibles de tous maintenant, qui ont marqué le pays du fait des politiques d’austérité successives : asphyxie de notre système de soins, faiblesse d’investissement dans les services publics, dévalorisation de « métiers essentiels », inégalités structurelles, effondrement de nos capacités industrielles…). Bref des moyens de sortir durablement de cette crise.

Enfin le contexte est aussi celui d’une défiance à l’égard du « politique » et des institutions qui est à son comble (seuls les élus locaux et les maires semblent épargnés par ce constat). L’affaire des masques, la gestion calamiteuse des tests, les injonctions contradictoires ministérielles… rajoutent au sentiment de « politiques » indifférents, déconnectés, insensibles aux réalités vécues par le plus grand nombre. Plus fondamentalement, le fossé s’est encore creusé entre une conception et une pratique de la politique discréditées , et une immense soif de comprendre, de débat, de participation citoyenne, de « reprendre la main ». Toutes les tentatives de réponses initiées par Macron ont-elles même nourri la défiance et la fracture, soit qu’elles étaient instrumentalisées (le grand débat), soit qu’elles « bridaient » la prise en compte des réponses citoyennes (convention citoyenne).

Les prochaines présidentielles et législatives s’inscrivent donc dans une réalité politique à la fois nouvelle et incertaine, modelée par l’accumulation des « crises » et des tensions, (ordonnances Macron, gilets jaunes, retraites, crise Covid), par l’aiguisement de toutes les contradictions d’un capitalisme de plus en plus décrié (2 français sur 3 ont une mauvaise opinion globale du capitalisme et 3 sur 4 disent qu’il provoque une montée des inégalités Odoxa Déc. 2019). Elles ne ressembleront à aucune autre. Plus que pour toutes les précédentes, rien n’est écrit et joué d’avance. Et elles ont déjà commencé d’une certaine façon, que l’on l’accepte ou pas. Toutes les forces politiques se projettent déjà. C’est le mouvement populaire qui décidera de l’issue.

Une candidature communiste pour répondre à la crise et ouvrir un nouveau chemin transformateur.

Les communistes doivent être au rendez-vous. Ils peuvent même jouer un rôle essentiel. Au travers d’une candidature a la présidentielle, il s’agit « d’incarner » une nouvelle approche, une autre conception de la transformation, de la politique. Pour cela il faut s’affranchir d’une conception du communisme réduit à un idéal, a un horizon à atteindre qui trouverait, une fois de plus, sa traduction dans un catalogue de solutions (souvent pertinentes) clés en main. C’est au contraire en s’enracinant dans les réalités concrètes de cette crise, en se tournant vers la société, ses souffrances, ses attentes, ses espérances, ses potentialités qu’une candidature communiste doit aller puiser son sens, son utilité, son originalité.

En ce sens c’est aussi une nouvelle façon de concevoir et de construire une candidature communiste qui nous est posée. Elle appelle un effort de créativité des communistes, et de tous ceux souhaitent y contribuer. De mon point de vue, elle devra articuler trois dimensions indissociables.

Une candidature porteuse de réponses concrètes et transformatrices à la crise, aux grandes urgences et attentes populaires, sociales, économiques, environnementales, démocratiques. Je pense en particulier au combat contre la pauvreté et la précarité, à la nécessité de les nouvelles « sécurités » pour le monde du travail et la jeunesse, aux moyens d’une reconquête industrielle, d’un renouvellement de nos modes de production et de consommation, de l’investissement et la revalorisation des services publics et des métiers « essentiels »…

Une candidature qui soit au service du rassemblement et de l’union des forces de gauche et écologistes, des forces sociales et citoyennes pour battre les forces de droite et d’extrême droite, pour gagner un pacte majoritaire de changement (ce qui suppose de combattre ceux qui veulent rendre caduc le clivage droite/gauche).

Une candidature qui contribue a renouveler la pratique politique en faisant le choix de consulter, d’associer les citoyens, les forces vives, les forces sociales, des intellectuels  pour partager les regards, débattre des priorités, pour construire avec eux le contenu et le sens de la candidature. Dans la crise de la politique, nombreux sont ceux qui cherchent de nouveaux chemins et pratiques, nombreuses sont les énergies disponibles.

Au regard d’une crise qui bouscule l’agenda et le débat politique, maintenant doit s’ouvrir le débat des communistes et s’engager le processus créatif de la construction d’une candidature mise à disposition du mouvement populaire.

Il est temps pour le PCF…

Julien Ruiz

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