Que nous dit le choix de Fabien Roussel, le candidat communiste à l’élection présidentielle, de placer sa campagne sous le signe des « Jours heureux » ?
Les « anciens », les militants, et les curieux de l’histoire de France, y liront la référence au programme du Conseil national de la Résistance, dont c’est le titre original. Le programme fondateur du socle du « modèle social français ». Pour la jeunesse, et pour le pays, ce qui se joue aujourd’hui derrière la simplicité des mots, quasiment la « naïveté » de l’expression, son côté insolite en temps de crises, c’est le possible d’un monde meilleur.
Invoquer aujourd’hui les jours heureux c’est revendiquer un héritage. Un héritage partagé, populaire. Un héritage commun pour lequel les communistes ont leur part, incarnée par Ambroise Croizat et la sécurité sociale, Marcel Paul et la création d’EDF, le grand service public national de l’énergie.
Un récit qu’actualise la confrontation sur le devenir du socle social et démocratique face aux politiques libérales, quand revient face aux crises la place essentielle des services publics, des droits égaux pour toutes et tous – actualité du droit de vote des femmes ! -, la contestation du pouvoir de la finance.
Le récit est aussi celui de moments où, par sa mobilisation et son rassemblement, dans la Résistance, à la Libération en 1945, dans la continuité du Front populaire, le mouvement populaire imprime une marque décisive dans les orientations politiques.
En plaçant leur campagne, leur présence dans le débat sur le devenir du pays, sous le signe des Jours heureux, les communistes proposent un récit qui identifie un moment décisif de l’histoire de la France, et de leur rôle dans cette histoire.
Le récit des Jours heureux fait le lien entre le passé, le présent et le futur. Le passé, c’est-à-dire l’histoire, le patrimoine commun. Au présent, les mobilisations et le rassemblement populaires comme condition pour une vie meilleure, tout de suite. Le futur comme construction d’un monde plus juste, une planète vivable, un bonheur partagé.
Chaque force sociale est porteuse d’un récit qui l’identifie, qui parle à l’imagination, à la mémoire collective, qui indique les racines et le sens de ce qu’elle propose. Comme défi aux enjeux d’aujourd’hui, en indiquant une volonté et un chemin, en visant la reprise de confiance, l’affirmation des Jours heureux est une des voies de la réappropriation populaire de la politique.
Daniel Cirera – 18/10/2021