« Les savants communistes et progressistes ne donneront pas une miette de leur cerveau pour la bombe atomique ». Cette déclaration valut à Frédéric Joliot-Curie, d’être révoqué le 28 avril 1951 de la direction du Commissariat à l’énergie atomique où il développait les applications pacifiques des découvertes sur l’atome. Faisant comme si cette distinction majeure n’existait pas, Emmanuel Macron s’est employé dans son discours du Creusot le 8 décembre dernier à mélanger nucléaire pacifique et civil et nucléaire militaire. Cela nous rappelle ses tentatives de brouiller ou d’effacer les repères et clivages politiques droite-gauche, et on sait ce qu’il advint sur ce terrain : une politique de droite. Il tente la même chose à propos du nucléaire pacifique et du nucléaire militaire. Qu’en est-il en réalité ? Côté nucléaire pacifique, en 2019, c’est l’arrêt du programme Astrid qui aurait permis de maîtriser la technique dite de « génération 4 » des réacteurs civils, radicalement plus économe en déchets et plus productive en énergie ; en 2020, c’est la fermeture de Fessenheim, avec l’annonce de l’arrêt de 14 autres réacteurs nucléaires d’ici 2035, alors que l’Europe ne tient pas les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre ; quant à la mise en chantier de nouveaux EPR, les décisions sont reportées à … 2023, a-t-il annoncé, après ce quinquennat donc. Côté nucléaire militaire, c’est la loi de programmation militaire, votée en 2019, qui prévoit 25 milliards de plus d’ici 2023 pour le seul nucléaire militaire ; c’est maintenant l’annonce d’un nouveau porte-avion à propulsion nucléaire et qui servira aussi la composante aérienne de la force nucléaire, avec un cout minimum de 5 milliards d’euros, comme par hasard les 5 milliards du programme Astrid abandonné, programme qui lui aurait rapporté au pays et à l’humanité la maîtrise d’une technologie utile notamment à la lutte contre le réchauffement climatique. Le bilan est simple à faire : côté nucléaire pacifique que du moins, côté nucléaire militaire que du plus. Telle est la réalité de la politique du président de la République.
Éric Lelann
12/12/2020