Réponse à Manuel Valls

Peut être juste un coup de gueule pour certains, un véritable ras le bol pour d’autres !
Les musulmans sont depuis plus d’une décennie accusés de tout les maux… Ils sont devenus ce que j’appelle le « carré d’As » politique. Dès qu’une contestation des décisions gouvernementales commence à s’exprimer et se structurer, les responsables politiques au pouvoir allument ce contre feu : les musulmans !
Que ce soit le voile, les salafistes, les barbes ou les babouches, n’importe quel sujet est bon, du moment qu’il permet de focaliser l’attention de l’opinion publique sur ces « méchants musulmans » qui “islamisent” la France et risque de lui faire perdre ses valeurs…
Alors je ne vais pas faire comme certains et parler au nom des musulmans, car ils ne m’ont pas élu ou désigné parmi eux pour parler en leur nom, je vais simplement parler pour moi :
M. Valls déclarait il y a quelques jours que « les salafistes ne représentent qu’1 % des musulmans, mais qu’on entend qu’eux sur les réseaux sociaux… »
C’est peut être vrai. Ils sont peut être d’ailleurs moins d’1 %. Le reproche étant qu’il n’entend pas les 99 % autres…
Alors M. Valls, je vais vous révéler un grand secret, un scoop, une information essentielle !
M. Valls, je vais vous dire pourquoi vous ne m’entendez pas sur la religion. De mon témoignage, peut être pourrez vous extrapoler, car je subodore que je ne dois pas être le seul “musulman” à faire ce constat.
Vous ne m’entendez pas parler de religion, car je n’en parle jamais ! C’est aussi simple que cela.
Vous ne m’entendez pas parler de religion en général, et de la mienne en particulier car cela m’appartient, ma croyance est personnelle et je n’ai aucunement besoin de me justifier de ce qui m’est intime ou pour que vous vous en serviez !
Vous ne m’entendez pas parler de religion sur les réseaux sociaux, car j’ai choisi de parler de la situation sociale et économique que vivent tous nos concitoyens.
J’ai choisi de parler des plus de 8 millions de personnes qui vivent en France sous le seuil de pauvreté.
J’ai choisi de parler de ces millions de personnes mal logés, qui attendent que l’état mette les moyens pour construire du logement social, ces logements sociaux que le candidat Hollande avait promis en 2012.
J’ai choisi de parler des 1 % les plus riches qui fraudent chaque année pour plus de 80 milliards d’euros.
J’ai choisi de parler des plus de 50 milliards de dividendes versés aux actionnaires du CAC40, qui échappent complètement à l’impôt.
J’ai choisi de parler de ces millions de salariés qui voient leurs salaires bloqués, qui baissent mais qui sont confrontés à l’augmentation continue du coût de la vie et qui n’arrivent plus à boucler leur milieu de mois.
J’ai choisi de parler du coût du capital qui détruit socialement notre pays et qui étrangle le service public.
J’ai choisi de parler de tout ces licenciements injustes, injustifiables qui détruisent chaque année des milliers de familles pour satisfaire les appétits des prédateurs et délinquants financiers.
J’ai choisi de parler du MEDEF qui obtient tout ce qu’il demande et qui vise à faire de la précarité la norme.
J’ai choisi de parler des 20 milliards du CICE, des 40 milliards du pacte de responsabilité, soit 60 milliards d’argent public, donnés aux actionnaires sans aucune contre-partie et sans aucun résultat sur le terrain de l’emploi.
J’ai choisi de parler de cette Europe qui ferme ses frontières à des millions de pauvres gens qui fuient la guerre, nos bombes et la misère.
J’ai choisi de parler de nos quartiers populaires et de nos campagnes qu’on laisse à l’abandon.
J’ai choisi de parler de ces millions de retraités qui vivent avec une pension de misère.
Mais j’ai aussi décidé de parler de ces centaines de milliers de personnes qui se mobilisent et qui manifestent !
J’ai aussi décidé de parler de ces syndicalistes qui luttent quotidiennement dans leurs entreprises pour défendre les intérêts des travailleurs.
J’ai aussi décidé de parler de ces milliers de militants de gauche, progressistes qui se battent pour changer la société et qui n’ont pas abandonné l’idée que chacun à le droit de vivre correctement.
J’ai aussi décidé de parler de ces milliers de personnes qui chaque soir maintenant se retrouvent sur des places publiques pour discuter, échanger et construire.
J’ai décidé de parler encore de pleins d’autres sujets dont la liste serait trop longue à écrire.
Vous voyez M. Valls, je parle beaucoup et je parle de beaucoup de sujets. Je ne pense pas être le seul « musulman » à parler autant, en tout cas je suis certain que je ne suis pas le seul citoyen à aborder ces questions.
La réalité M. Valls, (et c’est dommage) est que VOUS avez décidé de ne pas nous écouter… Voilà pourquoi vous ne nous entendez pas !
Djamel Hamani

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