Remarques et analyse sur le Conseil national du PCF de juin 2017 (suite et fin).

Il est intéressant d’analyser le contenu de la résolution adoptée par le CN du PCF de juin, à la lumière des attentes qui se sont exprimées dans la discussion, et en fonction de la grille utilisée pour examiner celles-ci (voir article précédent).

Concernant la première partie de notre grille, LES CRITIQUES de la période passée, qui sont très présentes dans les interventions des membres du CN, 10 lignes sont consacrées au constat de la situation post-électorale.
L’échec du PCF est reconnu en une ligne : « le Parti communiste essuie un véritable échec électoral« , cette reconnaissance est encadrée de deux formules d’atténuation : les initiatives du PCF pour résorber les divisions de la gauche et le bon résultat de la réélection de 11 députés (même remarque que dans notre article précédent, sur les six députés sur onze « octroyés » par Jean-Luc Mélenchon). Les causes évoquées de cet échec sont résumées en une seule ligne : « Notre parti reste confronté aux problèmes institutionnels du présidentialisme qu’il n’a pas su à ce jour résoudre« .

Concernant le bilan de l’action passée, très souhaité par les dirigeants du CN, sa caractérisation occupe 5 lignes dans la résolution : « Le Conseil national s’accorde sur le fait qu’un bilan poussé et collectif s’impose à présent à notre parti et à ses directions. Un bilan qui permette de faire, clairement et lucidement, la part des problèmes politiques présents et de l’expérience de ces 15 derniers mois, de celle des problèmes structurels et stratégiques qui sont les nôtres depuis des années. »

Concernant ce qui, dans notre grille d’analyse, était titré « LES AUTRES« , cette partie, sous l’angle de la critique de la politique de Macron, ses dangers et les luttes à mener, occupe la place majeure : 5 lignes dans le premier paragraphe, 36 lignes sur les « mobilisations immédiates à engager », soit le quart des 135 lignes de la résolution. Souci réel ou forme de diversion face aux problèmes internes du parti, la question mérite d’être posée, surtout après les outrances de la campagne actuelle sur la « dérive monarchique » du régime (?!).

Concernant la partie AVENIR de notre grille, peu d’éléments sur une manière différente de préparer le Congrès, souhaitée par certains intervenants sinon que seule la date sera fixée par une consultation des adhérents.
Quels thèmes seront abordés pour « se réinventer » selon une formule du texte ? La liste des questions semble déjà pour une large part « cadrée » par « la première liste ouverte de questions à traiter ».
Deux relèvent des « solution -> pratiques politiques PCF », trois des « solution -> fonctionnement PCF », une des « solution -> communication PCF », deux des « solution -> stratégie PCF ».
Aucune n’aborde le fond théorique et notamment la place et les caractéristiques du communisme dans notre vision d’aujourd’hui.
Toujours sur la question d’une préparation « différente » du Congrès, on note que cette préparation est centrée uniquement sur les communistes (« l’intelligence collective des communistes »), adhérents actuels (donc environ 50 000 cotisants) au travers des membres du CN lors de l’Université d’été, des « animateurs de section » lors d’une assemblée nationale cet automne, des « groupes de travail composés de responsables fédéraux et locaux, de militant-e-s et d’élu-e-s engagé-e-s concrètement sur les questions à traiter » dans la préparation de la dite assemblée nationale.
La question de l’ouverture à d’autres personnes intéressées, non-adhérentes du PCF actuellement, est vue uniquement dans le dernier chapitre (8 lignes) pour « relever le défi de la reconstruction de la gauche » et non dans le débat sur la transformation du PCF.

La comparaison du texte et des propositions de la résolution par rapport à la discussion du CN, en fonction de notre grille d’analyse, indique donc que ce texte ne répond qu’à minima aux exigences exprimées. Il a été voté, la manière dont il sera mis en oeuvre indiquera le sens dans lequel voudront aller les dirigeants du PCF : « tout changer pour que rien ne change » ou vraiment ouvrir les possibilités de vrais débats sur les questions fondamentales posées pour créer le parti communiste du 21e siècle, ancré dans les réalités de notre temps.

Jean Sandétour – juillet 2017

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