Présidentielles – Législatives : reconstruire la « machine à gagner »

Contribution à la Conférence nationale du PCF

En ce mois de février 2020, du fait de l’extraordinaire nouveauté de la crise que nous traversons,
personne de sérieux ne peut prédire comment la situation économique et politique ainsi que
l’opinion des Français vont évoluer dans les mois à venir. Personne ne peut prétendre connaître le
contexte de l’élection présidentielle en 2022.
Les premiers sondages publiés sont hors-sol : parler aujourd’hui de l’inéluctabilité d’un duel
Macron-Le Pen est pure spéculation. Une des rares choses claires est l’incapacité actuelle des forces
de gauche et écologistes à présenter une alternative sérieuse.
On peut, malgré tout, avancer l’hypothèse que l’impasse Macron – Le Pen pourrait échouer si les
conditions dans l’opinion publique étaient rassemblées pour faire émerger des projets alternatifs
suffisamment forts et crédibles qui prennent en compte les réalités que la crise de 2020 a mis à nu,
en particulier celles-ci :
– nous vivons dans un monde solidaire et interdépendant, aucun pays ne s’en sortira seul, il y a
besoin d’institutions multilatérales onusiennes comme l’OMS, l’Unesco, le PAM, revigorées et
renforcées pour faire face,
– nous devons protéger encore plus les biens communs de l’humanité comme la santé, l’éducation,
l’accès aux ressources naturelles, la maîtrise des nouvelles technologies pour le service de tous les
humains,
– nous devons utiliser massivement l’argent, les ressources financières pour « l’humain d’abord » et
pour la survie de la planète : mettre fin au scandale que constitue l’accélération de l’enrichissement
des grandes fortunes pendant la pandémie, ainsi que celui des grands groupes financiers et
industriels dont les profits ont explosé en 2020 (plus 109 milliards de $ pour les 32 plus grosses
entreprises cette année) alors que la pauvreté regagnait du terrain dans le monde (un demi-milliard
de nouveaux pauvres dans le monde).
– nous devons brider les profits et la toute-puissance des nouveaux seigneurs-saigneurs du monde :
les fameux GAFAM et tous les groupes financiers et fonds de pension.
Ces constatations ont été faites par des millions de nos concitoyens – concitoyennes. Pour beaucoup,
il s’agit d’une découverte. Pour faire comprendre ce que cela signifie en termes de possibilités de
réformes, pour faire s’exprimer les besoins, confronter les projets existants parmi toutes les
sensibilités progressistes mais aussi pour faire émerger des hommes et des femmes porteurs de ces
projets, il faut du temps et du travail.
Sur le plan du mouvement social, les premières réactions sont encore timides, les rassemblements
contre la dérive autoritaire du pouvoir, malgré la complexité de la mobilisation, montrent qu’existe
pourtant une forte insatisfaction, une frustration, voire une colère encore rentrée dans une partie
importante de la population.
Sur le plan politique, il y a encore un certain vide dans l’action, les propositions, le rassemblement.
Toutes les forces politiques sont plus ou moins conscientes qu’il faut encore travailler durement
pour construire les conditions de l’alternative. Toutes ont déjà pris position pour être présentes avec
un candidat dans ce débat.
Il est évident que dans ce cadre il faut que s’expriment aussi haut et clair les communistes et que soit
désigné un candidat communiste aux Présidentielles, comme l’a porté d’excellente manière Fabien
Roussel dans de nombreuses interviews dans les grands médias nationaux.
D’abord, mais pas seulement, parce que le PCF, ce parti héritier des grandes conquêtes sociales du
Front populaire et de la Libération (des congés payés à la Sécurité sociale), ce défenseur des libertés
en France (du combat pendant la Résistance au gain des libertés syndicales dans l’entreprise et la
promotion de l’autonomie communale) a une légitimité forte dans le débat.
Mais surtout, parce qu’aujourd’hui, le PCF, et c’est reconnu par beaucoup, est le parti qui se bat pour
des idées neuves comme la promotion des biens communs de l’humanité : la mise à disposition pour
tous les peuples des vaccins contre la Covid-19 et toutes les maladies, l’accès libéré à l’eau, aux
transports collectifs, le logement accessible à tous, la maîtrise des outils numériques, la sauvegarde
de la planète et la défense de la paix dans le monde et le soutien au respect de tous les peuples.
Enfin, parce que la recherche permanente de l’union et du rassemblement est dans l’ADN des
communistes depuis le Front populaire, la Résistance, le Programme commun. Aujourd’hui, la
recherche d’un rassemblement populaire majoritaire pour faire émerger l’alternative crédible aux
présidentielles et aux législatives est évidemment sa priorité.
La campagne des présidentielles va permettre d’ouvrir le débat sur tous ces défis vitaux pour les
Françaises et les Français : elle n’est pas seulement le choix d’un dirigeant mais celui des choix pour
notre vie et celle de nos enfants dans les prochaines décennies. Comment ne pas penser que la
présence d’un candidat communiste est essentielle pour porter une parole forte, ouvrir des
perspectives d’espoir sur la société que nous pouvons construire aujourd’hui si nous desserrons
l’étau des grands intérêts financiers ?
Nous savons d’expérience que l’intervention d’un candidat dans les débats électoraux est essentielle.
La parole d’un candidat, et on le voit déjà avec les prestations de Fabien Roussel dans les dernières
semaines sur les écrans télés, permet de donner confiance à un électorat déjà plus ou moins acquis
aux propositions communistes, permet d’intéresser et d’interroger ceux qui se posent des questions
sur la situation et l’avenir.
Lorsque Fabien Roussel dans ses dernières interventions dit : il faut que le gouvernement trace une
route, une perspective pour gérer et préparer la sortie de la pandémie ou lorsqu’il demande que la
France agisse pour que les brevets des vaccins contre la Covid-19 soit déclarés comme biens
communs de l’humanité, ses propositions résonnent dans des millions de consciences, et sont en
écho avec les propositions des plus grandes personnalités scientifiques.
Désigner un candidat communiste à l’élection présidentielle et confirmer le choix de Fabien Roussel
est donc urgent et essentiel pour participer à la reconstruction d’un mouvement populaire à gauche
pour une politique progressiste française. Loin d’être une posture identitaire ou de témoignage. La
désignation d’un candidat communiste est la meilleure contribution unitaire que les communistes
puissent faire pour construire un vrai rassemblement pour le changement progressiste réel.
Leur but est vraiment d’impliquer les citoyens-citoyennes de notre pays dans la construction de
leurs choix de société. Les communistes et leur candidat sont indispensables dans cette démarche.
En résumé, qu’il y ait aujourd’hui plusieurs candidats de gauche à l’élection présidentielle, dont
notamment un candidat du PCF, n’est pas LE problème mais LA solution pour créer et mobiliser un
vaste courant d’opinion.
Je dirai même que cela est sain et indispensable, à condition que la bataille des idées ne tourne pas
au bal des égos et que chacun travaille en ayant en tête le bien commun : offrir une alternative
démocratique et sociale au peuple de France pour remplacer Emmanuel Macron et battre le
Rassemblement national.
C’est ce travail d’explication de chaque candidat et de chaque formation politique pour développer
ses propres propositions qui créera peut-être les conditions d’un commun et d’une convergence, le
moment venu, quand s’ouvrira la dernière étape de la campagne électorale. Au lieu d’enclencher la
« machine à perdre », nous pourrons ainsi construire, si les conditions en sont créées, la « machine à
gagner » aux Présidentielles et Législatives.
Daniel Durand – 15 février 2021
Fédération Loire – Section Saint-Étienne

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