SNCF : un élan à redonner

Qui parle d’une SNCF centralisée, repliée sur elle-même incapable de se moderniser ou de relever les défis pour la mobilité des salariés, des familles, des étudiants ou des seniors sur le territoire ?
Qui parle d’un service de transport à bout de souffle avec des agents ringards, arc-boutés sur leurs privilèges ?

Ceux qui parlent ainsi ne vivent pas dans le même pays que moi ou s’autorisent une opération de dénigrement nationale.

Pour un peu, on voudrait nous faire croire que la SNCF vit pour elle-même et n’appartient qu’aux seuls cheminots.

Mais ce serait alors faire fi du bras armé et puissant de l’ensemble des régions de France qui sont les principales autorités organisatrice des transports du pays.
Car enfin quoi…
Le service aux citoyens, l’image de nouvelles rames TER ultra modernes qui sillonnent et rapprochent des usagers de leur lieux d’études, de travail et de loisirs, tout le monde les voit !
L’intermodalité qu’organisent les Régions pour permettre à ceux qui n’ont pas accès à une gare de se rapprocher d’une ligne par le bus et de prendre le train en correspondance, beaucoup la pratiquent !
La tarification que chaque Région propose pour des déplacements au moindre coût pour les lycéens, travailleurs, les familles, tout le monde en bénéficie !
Les investissements pour la modernisation des infrastructures, souvent pour augmenter les capacités ferroviaires et faciliter les temps de parcours, tout le monde les a salués !
La modernisation que nous avons impulsée avec la billettique, le confort, la rapidité, le numérique….

Et c’est le moment que choisi ce Gouvernement pour :
marquer une défiance à tous les élus de la République et des Régions qui se sont investis comme jamais ces 15 dernières années aux côtés des cheminots pour redonner, ses lettres de noblesse, à la mobilité ;
faire perdre la main à la juste co-construction du développement et de l’accessibilité sur les territoires ;
diviser les usagers, les cheminots et leurs représentants alors qu’il faudrait, au contraire, unir.

Franchement, ce n’est pas le moment, nous devons continuer le travail entrepris avec cette grande entreprise nationale. Pensez-vous que j’exagère quand je dis que tout ce qui a été fait ces 15 dernières années n’aurait pas été possible avec une entreprise privée ?
Pour le coup, c’est toute la France qui aurait été privée de moyens.
L’expertise et l’expérience de la SNCF, la confrontation avec ses cadres, le soutien et parfois le vive débat avec ses agents de maintenance ou les roulants, c’est cela qui a donné à chaque Région la puissance du verbe et de l’engagement, le rapport de force pour bousculer ceux qui n’aurait rien fait pour redorer le blason du service public de transport.
Ce sont toujours les yeux ouverts, l’exigence de la qualité, le désir de convaincre et la culture de la performance que les Régions ont insufflés à l’entreprise SNCF, à ses partenaires, à toutes les entreprises de transport routier avec, au bout, une même exigence : des résultats.

Avec cette atmosphère de dénigrement des cheminots, de leur entreprise, qui privilégie l’émergence de la concurrence au détriment du juste débat et de la co-construction, ce gouvernement scie la branche sur laquelle reposent les fruits de décennies de décentralisation et de transfert de compétence vers les élus régionaux. Déjà, nous le constatons, ce sont les tarifs qui sont à la hausse, les kilomètres de lignes qui sont à la baisse. C’est insidieux et cela se voit moins mais c’est la perte de confiance d’un peuple vis-à-vis d’une entreprise qui ne serait plus vue demain comme un bien commun au service du déplacement, mais comme une entreprise qui vise un marché vers les distances et les destinations les plus juteuses. Quel gâchis !

Patrick HATZIG 

Vice-président de la région Lorraine, en charge des transports et de la mobilité, 2004-2015

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