Une mise en scène de la « vieille politique »

Roger Martelli sera donc avec Jean-Luc Mélenchon. Rien de surprenant en soi. Sauf peut être le besoin de « buzzer » sur le meeting du 5 juin, de le mettre en scène en plein congres du PCF. Sa lettre du 4 juin dernier à Jean-Luc Mélenchon s’inscrit dans la continuité de son cheminement. Elle a sa cohérence. Mais elle révèle aussi avec évidence les limites et l’impasse de sa démarche.

La plus grande déception a mes yeux est de constater à quel point l’historien, qui s’affirme toujours communiste, semble à ce point vide de réflexion sur une pensée communiste renouvelée (au sens des conceptions de la transformation au 21ᵉ siècle). Pour au bout du compte, après avoir décrit à juste titre une « politique bien malade », rechausser les bottes de la « vieille politique ».

Car quoi de neuf, de radicalement neuf, porteur d’espoir, décoiffant dans son propos ???? Je cherche, je cherche, encore et encore…

L’affirmation de besoin de rupture face à la social-démocratie, à la « social libéralisation » du PS ? Franchement, au-delà de la situation politique singulière du moment, c’est un débat aussi vieux que la révolution française, que le communisme lui-même. L’histoire de la gauche, regorge de périodes de confrontations fortes entre révolution et reforme, entre « rupture » et « accompagnement », entre communistes et socialistes. L’expérience nous enseigne que s’il n’est pas conjugué a une volonté d’unir et rassembler, ce débat à gauche (absolument nécessaire) est stérile, désespérant pour les classes populaires, une impasse politique qui laisse place le plus souvent aux forces les plus réactionnaires…

Non rien de neuf à l’horizon. Mais un manque, pour ne pas dire un énorme silence révélateur. Aucun enseignement critique, aucun bilan sérieux de la séquence des 10 dernières années, celle justement que Roger Martelli souhaite surtout ne pas voir s’achever. La mise sur orbite présidentielle de Jean-Luc Mélenchon, au pas de charge (y compris en tentant une sorte d’OPA sur le débat des communistes), n’étant qu’un moyen de tenter d’imposer la continuité et l’affirmation de la stratégie pour laquelle il milite depuis des années : celle de la clarification entre rupture et accompagnement, de différenciation à gauche, la bataille de l’hégémonie entre deux gauches plutôt que le rassemblement exigeant ; la « radicalité » contre la politique des « petits pas »,…

Pourtant, le moins que l’on puisse dire, c’est que 10 ans après, l’efficacité n’est pas au rendez vous : le PS n’a jamais eu autant l’espace libre pour se « libéraliser » ; le sentiment d’impuissance et le renoncement politique a envahi les esprits et ce, malgré de puissants mouvements sociaux (2008, 2010, 2016…) ; le Front de Gauche n’a pas été ce réceptacle qu’il prétendait être des classes populaires poussées à l’abstention massive, voire au vote FN ; Quant aux résultats électoraux du PCF et du FDG, leur assise élective dans les territoires, chacun jugera… Tout cela aurait mérité un minimum de retour critique.

Comment pourrait-il en être autrement ?

Le mouvement social bouge les lignes, fait déjà lui-même perspective. Mais il a aussi besoin de débouchés et d’horizon politique, et ce dès maintenant. Le renvoyer dores et déjà a 2017, au travers d’une candidature « providentielle autoproclamée », comme y souscrit Roger Martelli, c’est figer la situation politique. C’est rétrécir a priori le champ du rassemblement possible dont a besoin le mouvement social. C’est prendre le risque de l’envoyer se fracasser contre le mur du duel annoncé Droite – Front National en 2017 dont on mesure tous les dangers.

Nous n’avons pas le droit de renoncer, de nous résigner a la situation actuelle, ni à la victoire de la droite ou du FN, mais le devoir d’être audacieux, inventifs, rassembleurs. La perspective c’est MAINTENANT !!!

J. RZ

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