Depuis 2008, des communes, puis des départements, puis 8 régions sur 13 aujourd’hui sont « passées »à droite. À droite toute : talonnée par le F.N. elle en emboîte, le plus souvent le pas.
il serait utile de faire le bilan des mesures prises, de leur cohérence. Il révélerait concrètement le projet politique d’une droite toujours plus inégalitaire, toujours plus attachée à rayer de notre vie conquêtes sociales et histoire des résistances aux libertés, à la démocratie. Quelques exemples le montrent.
Nous avons tous en tête des évènements flash qui ont fait le buzz l’espace d’un jour.
Il y eut les rues débaptisées du nom de résistants, de communistes. Elles rejoignent la mise en berne des drapeaux à Perpignan cette année, les insultes à Hayange lors des célébrations refusées du 19 mars 1962. « 54 ans après, les hostilités restent intactes » (dixit Estrosi).
Il y eut la suppression des locaux occupés par des associations. En ligne de mire : le Secours populaire, ATTAC, et, évidemment, les maisons des syndicats.
Il y eut, il y a, les suppressions de subventions aux associations de coopération (« pourquoi aiderions-nous un village d’Afrique »), aux associations culturelles. L’an dernier, des dizaines de festivals ont ainsi été menacés et n’ont pu se tenir.
Partout les décisions prises par les nouvelles majorités de droite s’inscrivent dans une volonté d’en finir avec ce qui marque l’histoire de la France dans son combat contre les inégalités par la présence de politiques et de services publics.L’attaque frontale contre les fonctionnaires, la réduction de leur nombre notamment est révélatrice. Pire encore, la volonté de faire payer les déplacements des pompiers par les usagers, comme veut le faire le département du Calvados !
Ces quelques exemples pour alimenter le bilan à faire. Pour ne pas banaliser, oublier ce que fait la droite adoubée dans tous les cas par un FN en embuscade. Pour redonner sens aux valeurs de Liberté, d’Égalité, de Fraternité, de Solidarité, piliers d’une politique de gauche par les actes.
Et qu’en est – il dans les 8 régions détenues par la droite depuis 4 mois bientôt ? L’heure des orientations, donc des choix budgétaires, donc des choix politiques a sonné. La Région Île-de-France, ravie de quelques voix par Valérie Pécresse, fait figure d’exemple par son déjà lourd bilan des 100 premiers jours, par ses projets. Les premières mesures sont édifiantes tellement elles sont marquées du sceau d’une politique inégalitaire. La réaction des « nantis du ghetto des riches du 16ᵉ »refusant un centre pour SDF qui a défrayé la chronique en est symbolique. Haine de classe.
L’une des premières décisions n’est-elle pas l’exclusion de la tarification sociale des bénéficiaires de l’A.M.E. qui jusque-là leur permettait de circuler avec la carte solidarité à 50 % ? La seconde décision est plus encore significative. Valérie Pécresse veut supprimer les subventions au logement social dans les communes ayant déjà 30 % de logements sociaux. C’est pour elle une proposition « anti ghetto » ! Elle souhaite dit-elle privilégier les classes moyennes qui travaillent et ont besoin d’accès au logement social moins « pauvres ». Mais sait-elle que ces salariés dont elle prétend parler ne peuvent pas payer les loyers proposés (1200 à 1500 euros par mois), pas plus qu’ils ne peuvent accéder à la propriété dite sociale dont elle parle, tout simplement parce qu’ils n’en n’ont pas les moyens. Elle veut ignorer que, dans les villes qui ont 30 % de logements sociaux, la demande est en expansion et que vouloir un logement public, concerne des centaines de milliers de demandeurs de logements ? Enfin que veut-elle faire des plus démunis ? Le logement public est un droit pour tous, c’est cela être anti-ghetto.
Sur ces deux mesures et bien d’autres, Valérie Pécresse peut compter sur le vote des conseillers régionaux du FN parce que « ses propositions sont les nôtres » dit l’un d’entre eux.
Cette politique de « violence sociale » est donc la marque de leur même fabrique. La fabrique à protéger les riches, à mépriser tous les autres. La fabrique qui travaille d’abord dans l’intérêt des géants du CAC 40. Le « Conseil stratégique pour l’attractivité et l’emploi » de Valérie Pécresse ne comporte ni artisan, ni TPE, ni PME, pas plus de représentants de l’Économie sociale et solidaire, pas plus que de représentants de salariés, d’associations. Siégeront (trôneront ?) les représentants des patrons d’Accord Havas, de Ventes-Privées. Com, de Dassault, de Christies, d’Air Liquide et des galeries Lafayette. Un choix politique, un choix de droite.
Dire, dénoncer cela, en appeler à faire le bilan des désastreuses politiques est essentiel. Pour comprendre mieux les stratégies en œuvre, pour permettre de tisser les mouvements de résistances, de travailler aux rassemblements utiles pour écrire, agir pour des propositions alternatives, des propositions de gauche, pour redonner du sens à ces valeurs toujours d’actualité et qui les gênent toujours autant ces héritiers de l’« autre 89 » et qui ont nom : Liberté, Égalité, Solidarité, justice sociale, démocratie ; Le chemin des luttes pour l’émancipation est semé d’embûches certes. Ne pas oublier celles secrétées par les politiques de la droite quand elle est « aux affaires », c’est fait œuvre de salut public.
Fabienne Pourre