Le questionnaire de la direction nationale du PCF destiné aux adhérents a réglé la question : il s’agit du congrès ordinaire de 2019 avancé en 2018 !
Que devient alors la décision prise au Conseil national de juin, suite au traumatisme électoral ?
Aux dernières élections législatives, ce sont 420 circonscriptions où le parti se retrouve au-dessous de 5%, après la succession de pertes électorales, avec l’effritement continu qui va crescendo de sa représentation et de perte de son influence, et avec toutes les conséquences financières qui vont avec. Faut-il rappeler qu’en 2010, la perte de la moitié des conseillers régionaux dans le cadre du Front de Gauche, avait été analysée par la secrétaire nationale Marie George Buffet comme un « risque nécessaire » !!!
Aujourd’hui à contrario, on se félicite exclusivement de la préservation des deux groupes, à l’Assemblée nationale, grâce à l’apport des ultra-marins, et au Sénat . Très bien et qui ne s’en réjouirait pas ? Que cela ne nous fasse pas pourtant oublier que nous avons encore perdu des él,us et que l’influence nationale du PCF est historiquement au plus bas.
Nous continuons donc de perdre. Pourtant, on nous avait rassuré (ou affolé) afin de choisir Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle et le placer au plus haut pour, nous assurait-on, obtenir un bon résultat aux législatives !
Que ce soit au plan électoral ou pour son apport original à la société française, le PCF est en échec. Pourquoi ?
Comment expliquer cette situation dans un moment historique marqué par la crise financière du capitalisme de 2008, dans une période même où ce système fait la démonstration de sa nocivité, son inhumanité et son inefficacité économique, où on voit les réponses libérales ou social-libérales contestées comme jamais ? Cela aurait du être le moment pour le parti de retrouver langue avec la société, avec une réponse communiste novatrice face a cette crise. (Rappelons pour mémoire à l’époque, l’exceptionnelle occasion que représentait l’appel unitaire à la mobilisation contre la crise financière de toutes les organisations syndicales sur une plate-forme commune !) Une occasion laissée sans écho, sans réponse ni perspective politique et les responsables de la crise ont repris la main.
Comment expliquer qu’aujourd’hui, au moment où existe une si puissante aspiration au changement, les luttes le confirment, le parti communiste enregistre à nouveau un mauvais résultat et subit encore une forme de déclin?
Or en d’autres temps, le Parti communiste a su répondre aux défis posés par la société. Aujourd’hui, la tentation est forte, soit du repli ou, pour d’autres, au PCF, de passer à autre chose avec l’idée de construire une nouvelle force politique avec FI ! Exister en disparaissant en quelque sorte. Quel programme ??!! Une forme de renoncement au communisme dans une période paradoxalement « potentiellement communiste » si celui-ci sait se renouveler. Si toutes nos tentatives de réponses ces quinze dernières années sont en échec, c’est le moment d’en comprendre les raisons !
Mieux en comprendre le pourquoi, pour mieux se transformer plutôt que disparaître tel est le défi aujourd’hui. Oui, c’est le moment !
Nous marquons le centenaire de la Révolution d’Octobre, les 150 ans du Capital de Marx qui reste un outil d’analyse essentiel pour proposer une alternative au capitalisme. On voit aussi le succès du film sur « Le jeune Marx », et en quoi la Révolution française a été source de réflexion pour donner cet élan au 20e siècle.
Au 21e siècle les formes de dominations, d’exploitation, d’aliénations sous les pressions de la crise du système et des luttes, se sont transformées. Les forces du capitalisme, leurs soutiens, ne sont pas restés l’arme au pied en bouleversant les rapports sociaux, révolution informationnelle et numérique à l’appui. Dans ces conditions la prise de conscience de classe a été brouillée, complexifiée. Un véritable bouleversement dans le monde du travail dans les contradictions vécues et pensées et la guerre des idées qui les accompagne, rendent en effet moins aisée cette prise de conscience .
Bref, les défenseurs du système arment des masses de propagandistes et de Directeurs des Ressources Humaines de tous horizons, jusque dans la sémantique pour intégrer le monde du travail et de la création à leur propre exploitation. Nombreux sont celles et ceux qui ressentent tout cela sans le nommer et cherchent par tous les moyens, une voie pertinente, crédible et efficace pour en sortir. Maintenant. Ce n’est donc ni par le « Grand soir ! » ni du côté du « Parti d’avant-garde » que se trouve l’avenir. Toutes les tentatives qui, sous une forme ou une autre, s’aventurent encore dans cette voie, sont vouées à l’échec. Le communisme est bien le mouvement permanent de lutte qui abolit l’état actuel, comme l’explique Marx. Le mouvement qui abolit, et révolutionne l’état actuel, voilà la voie à explorer. En quoi le communisme, s’il n’est pas qu’un idéal ou une visée projetée vers demain, mais une action au quotidien, autrement dit le communisme politique, est-il à ré-inventer ? En quoi est-il la réponse à laquelle travailler ? C’est donc une autre voie, un autre chemin révolutionnaire pour l’efficacité, qu’il nous faut construire.
Autant d’enjeux qui doivent être débattus pour retrouver enfin un nouvel élan ! Les communistes ont une responsabilité pour aujourd’hui et pour ré-ouvrir un chemin. Ils ont un devoir de résultat. C’est pourquoi le congrès doit être effectivement un congrès extraordinaire, comme cela avait été décidé.
Et il doit se tenir en juin 2018.
Michel Céruti