La rentrée politique ne sera pas un long fleuve tranquille. Les élections municipales, déjà à portée de main, certains commencent même à se les frotter.
Pendant qu’à droite, on se met à nouveau à imaginer des lendemains qui chantent, face à la politique de Macron, cause de tant de souffrances et d’inégalités, qui brutalise la France, à gauche certains sont tentés de jouer cavalier seul. Eric Coquerel, le porte-parole de la France Insoumise, a-t-il pris un coup du soleil toulousain à son université d’été ? Sinon, comment interpréter son attaque frontale sur les villes tenues par des communistes pour y installer la France Insoumise ?
Au-delà de la tonalité hégémonique, la déclaration du n° 2 de La France Insoumise soulève des questions graves. Quelle doit être la priorité des priorités à gauche dans la période ? Aller combattre la droite et son extrême sur ses terres ? Créer les conditions de gagner de nombreuses villes et communes ? Ou bien aller faire son nid, comme les coucous, dans celui de ses « amis » politiques en les soumettant à ce qui a les tonalités d’un diktat si ce n’est d’une menace.
Le temps n’est pas aux polémiques. On pourrait appeler à un peu de modération notre camarade face aux résultats de son parti aux élections européennes. Là n’est pas l’essentiel. Toutes les forces de gauche et écologistes sont confrontées à des défis considérables. Chacune pour elle-même. Et ensemble.
Aucune des citadelles de France n’est imprenable. Nous le savons depuis toujours. Jouer collectif est possible. C’est indispensable. Ce n’est qu’en jouant rassemblés que la partie aujourd’hui pourra demain se gagner à gauche. Jouer l’échec des autres à gauche c’est sceller son propre échec. Pour ce qui me concerne la gauche reste un combat à mener. La droite, elle, existe bel et bien. L’extrême-droite est-elle en embuscade oui ou non ? Et les ambitions de Macron, les passe-t-on aux pertes et profit au bénéfice d’intérêts partisans ? Que la gauche, les partis et les forces qui, avec les écologistes, s’en réclament, doivent se transformer profondément, c’est ma conviction. J’y travaille dans mon parti. Cela ne se fera pas sur un champ de ruines au moment où il y a tant besoin de construire de l’espoir.
Que chacun fasse son choix. Nous savons que celui de la division qui conduit à l’échec de tous n’est pas partagé par la grande majorité des Insoumis ni des électeurs dont Jean-Luc Mélenchon se réclame.
Comme communiste j’ai dans mon ADN politique la marque que nos anciens ont gagné toutes leurs batailles (congés payés, assurance maladie, CDI…) sur des rassemblements de citoyens sur des programmes et valeurs de partage et de bienveillance. Il est méritoire d’aller saluer Lula dans sa prison au Brésil. Il est tout aussi important de garder en mémoire que Lula fut celui qui a rassemblé toute la gauche brésilienne – dont les communistes membre de ses gouvernements et soutiens à Dilma Roussef, chaleureusement et avec grande émotion accueillie à la Fête de l’Humanité -.
Avoir pour ambition de sortir les maires communistes pour y installer des Insoumis et opposer des candidats au risque de faire gagner la droite n’est pas responsable. C’est un pari risqué pour ses initiateurs.
Camarade Éric, il est temps de se ressaisir. Soyons ambitieux ensemble, restons fidèles à nos valeurs de gauche. Là est notre combat aujourd’hui pour qu’il soit entendu par les électeurs, celles et ceux qui s’abstiennent et nous pressent de nous rassembler afin que demain, nous ayons plus de justice sociale et redonnions espoir et sourire aux Françaises et aux Français.
Christian Bastid
Conseiller municipal de Nîmes